Bonjour à tous. Je suis Victoria, l’auxiliaire de conversation de français de cette année scolaire à la escuela Oficial de Idiomas de Lugo. Chaque année, les départements de l’école choisissent un projet culturel à partir duquel des activités particulières sont proposées aux étudiants. Cette année, le département de français a choisi de s’intéresser au sujet de l’expatriation et de la migration. Nous avons ainsi eu le plaisir d’accueillir Roberto, dont le parcours migratoire est très intéressant, afin de discuter avec nos étudiants sur le sujet. Roberto est né en Suisse francophone de parents espagnols. Il a grandi en Suisse et ce n’est qu’à partir de ses 23 ans qu’il a décidé de venir vivre en Galice avec sa famille. Était-ce un retour aux origines ? Que signifie grandir à l’intérieur de deux cultures et pays différents ? Autant de questions qui ont pu être affrontées pendant les quasi 2 heures de discussion autour d’une table ronde à laquelle ont participé nos étudiants. La première partie de celle-ci a été enregistrée. Je vous laisse donc écouter les questions de nos étudiants et les réponses passionnantes de notre invité spécial. Roberto, euh bienvenue. Euh euh ma question est Quelle est ta nationalité ? Je suis resté avec la nationalité espagnole parce que je n’ai pas choisi à avoir la Suisse pour ne pas avoir à faire le service militaire en Suisse. Tu es revenu ? Principalement parce que mes parents sont venus une année avant moi. Et j’avais envie d’essayer un peu de de voir la vie espagnole que je connaissais déjà pour quand je venais en vacances. Donc j’avais envie de voir un peu comment les différences qu’il y avait et j’ai fini par me m’y habituer. Quelles sont les langues que tu parles ? Principalement le français, parce que je suis né à Genève, qui est du côté francophone de la Suisse. On a essayé de m’enseigner l’allemand depuis la 3e primaire, mais ça pas fait quelques mots qui sont qui sont restés. Et l’anglais pour euh parce que je l’ai appris à l’école, j’ai dû l’utiliser ensuite au niveau professionnel. Comme vos parents sont espagnols, est-ce que vous avez trouvé euh quelques habitudes d’ici de de l’Espagne euh est difficile pour vous ou ou étrange ? Non, au niveau des habitudes, non. Peut-être une différence au niveau culturel ou comme on était en train de de parler avant dans les couloirs au niveau officiel de des institutions qui sont un petit peu différentes. Euh le niveau de la santé par exemple, c’est aussi un point qui est complètement différent en Suisse, étant donné qu’elle est principalement privée. C’est une semi-privée mais c’est principalement privée. ça fait beaucoup de de différence. Au niveau des habitudes non parce que on les vivait à la maison et en plus à Genève, il y a beaucoup beaucoup beaucoup de galiciens. Énormément de galiciens. Bon à Genève, je crois que presque dans toutes les grandes villes au niveau mondial, il y a beaucoup de galiciens donc c’était très facile de se retrouver entouré de de galiciens. Par exemple, il y avait une fête chaque année qu’on faisait Saint- Juan, on devait demander un permis au au à la commune pour pouvoir louer une place et il y avait énormément de de de personnes qui qui venaient à la fête. Vous aviez un centre espagnol à Genève ? Plusieurs. Plusieurs. Euh au niveau des autres comunidades Je ne suis pas très sûr s’il y avait par contre au niveau de la Galice, il y en avait trois principaux. Il y avait trois centres principaux. Il y avait la Galicia et Torde et Hermandad de Galega. C’était les trois centres principaux qui avait même une équipe de foot. Une équipe de foot qui faisait des tournois entre eux et qui faisait souvent des spectacles typiques galiciens avec même danse et qui faisait même des cours de danse. Ma sœur faisait des cours de danse dans un des centres à la Galicia. Oui. Et est-ce que ta sœur est resté là ou elle vivre ici aussi ? Elle est venue elle est venue aussi près 3 mois après moi plus ou moins. Alors, est-ce que tu as de la famille et là où toute ta famille est ici en Espagne. En Suisse, j’ai encore quelques quelques oncles et cousins. J’ai encore deux deux oncles, je crois et quatre quatre cousins qui habitent encore là-bas. Ce sont les mêmes horaires la Suisse que en Espagne ? Pas du tout. On commence beaucoup plus tôt, normalement les horaires au niveau des entreprises privées comme commence normalement à 8h du matin entre 7h30 entre 7h et 8h du matin plutôt. Et normalement à partir de 5h30 toutes les entreprises sont sont fermées à part les centres commerciaux et les les les les magasins pour ainsi dire qui ont un horaire un petit peu plus plus allongé jusqu’à jusqu’à 8h 8h30, je crois que c’était plus ou moins. Et vous mangiez à quelle heure les horaires de sont exactement pareils qu’en Espagne où il y a beaucoup de différence et et si tu étais adapté parfaitement à l’horaire français ou pendant le weekend, tu faisais l’horaire espagnol. Euh non, les les horaires étaient n’étaient pas les mêmes que qu’ici en Espagne, étant donné qu’on devait fonctionner au niveau des horaires de de de travail. Le petit-déjeuner normalement était à 6h du matin et le repas du midi à midi à 12h. La pause de midi était entre 12h et 1h30. Ceux qui pouvaient, ceux qui avaient la chance. Normalement au niveau public, je crois qu’ils avaient 45 minutes de pause à midi pour manger seulement. Au niveau des hôpitaux surtout, mes parents travaillaient dans dans un hôpital gériatrique et ils avaient seulement 45 minutes de pause. Le soir, normalement, on soupait vers les 8h du soir, 8h30, normalement. Et mais c’est pas seulement les horaires de repas, même les les horaires de télévision étaient complètement différents aussi. Les bons films passaient à 9h du soir. Pas à 11h ni à ni à minuit, il passait déjà à 9h. Donc pratiquement tout le monde aux alentours de 10h, 10h30 du soir était déjà couché. Au niveau de travail est-ce que tu as trouvé beaucoup de différence ou tu as trouvé quelques difficultés au travail ici en Espagne pour venir de d’un autre pays ? Oui, ça a été très difficile surtout au début de de trouver un emploi étant donné qu’ici on a un petit peu l’habitude de travailler par renseignement et comment on dit. Donc étant donné que je ne connaissais personne au niveau d’amitié en en Galice, ça a été assez difficile au au début. Un peu moins maintenant. Ça fait déjà pas mal d’années que que je suis ici, ça fait déjà 17 ans. Donc c’est un peu plus un peu moins difficile mais bon. Je trouve que c’est quand même assez assez compliqué contrairement à à ce que j’ai vécu en Suisse. Quand tu as déjà un travail ici, est-ce que tu as trouvé des différence euh par rapport à la la manière de de faire le l’environnement de travail. Euh oui, il y a il y a beaucoup de différence. Euh comment dire ? Bon, mon expérience à Genève n’a été que dans une entreprise étant donné que j’ai j’ai fait un une spécialité pour ainsi dire à l’école qui était à l’école de commerce, 3 ans d’école de commerce et une 4e année de maturité commerciale qui était pendant 9 mois, pendant les 9 mois d’études travailler au sein d’une entreprise et à la fin de ces 9 mois rendre un un travail écrit et et oral pour avoir un diplôme un peu plus élevé. Et ensuite cette même entreprise m’a gardé directement. Les grandes différences que je vois, c’est que par exemple, on ne tutoie pas le patron. Le chef, c’est monsieur, c’est pas Jean ni Frédéric, c’est monsieur Bernard, monsieur Tuner, monsieur Deuxièmement, le respect des des droits des travailleurs est beaucoup plus strict. Étant donné que les amendes sont beaucoup plus élevées aussi. Et il y a un système de syndicat qui est très persistant. En 2 ans 3 ans, 3 ans de travail que j’ai 3 ans que j’ai fait au sein de de cette entreprise. Euh on avait une une visite syndicale à peu près tous les deux 3 mois. pendant que quand quand j’ai travaillé ici au sein des entreprises, euh je crois que je je ne les ai vu qu’une seule fois et ça a été à cause d’une dénonce. Le le patron avait pas peur mais un respect au syndicat. Étant donné que une une demande en justice au niveau de du travail peut peut emmener à une amende très très très élevée. Et la facilité de de parler, c’est la même. Moi, j’ai perdu tout. J’ai perdu toute ma facilité à parler. en 30 ans. Concernant du coup les les horaires de travail, les le respect des droits parce que tu as vécu la même chose, tu as eu la même la même impression ? Parce que tu me disais du coup que tu faisais même des heures supplémentaires et que elle n’était pas rémunérée contre jour. Donc on en parle. Donc tu es devenu espagnol. Ou tu le fais pour pour gagner de l’argent ou sinon tu n’as pas de travail. Il il y avait pas de de choix à faire à cette époque dans les années 90. Ou tu suivais ce que disaient les patrons ou sinon tu prenais portes et tu trouvais un un autre travail. Et les heures supplémentaires en Suisse, elles sont payées ? Elles sont soit payées soit euh rémunérées comme vacances, en tant que vacances. Et normalement les heures en en horaire spéciaux comme weekend et ou nuité à partir de 9h du soir, je crois que c’était 9h ou 10h du soir se payer un 150 %. Et donc la qualité de vie tu trouves que elle est meilleure ici ou en Suisse ? C’est c’est différent. C’est différent. Si on parle au niveau de qualité de vie, disons qu’il y a un respect des normes beaucoup plus important en Suisse. Mais en contrepartie euh les gens normalement travaillent du pendant la semaine de lundi à vendredi, c’est travail maison, maison de travail. Il n’y a pas de sortie, il n’a pas de une petite bière après le après le travail, il n’y a pas une vie sociale après le travail pendant la semaine. Parce qu’on ne peut pas se se le permettre simplement. C’est très cher, c’est beaucoup trop cher surtout à Genève qui est je crois que jusqu’à quelques années en arrière était considéré comme la ville la plus la plus chère au niveau mondial au niveau de vie. Donc on ne pouvait pas se permettre de sortir tous les jours ou d’aller boire un café avec les avec les amis tous les jours. Donc il y a ces grandes différences d’un côté, on a la vie sociale et de l’autre côté, on a un petit amour pour le respect des normes qui ici manque beaucoup. Beaucoup beaucoup beaucoup. Donc c’est c’est deux deux mentalités complètement différentes. C’est parfois difficile de faire la de faire une une balance pour ainsi dire entre les deux mentalités, c’est deux mentalités complètement différentes. Ouais. C’est tellement différent que c’est difficile à comparer, oui. OK. Moi j’ai une question. Est-ce que au niveau des quand tu es venu en Espagne, tu as eu beaucoup de problèmes pour les démarches les formalités qu’il fallait faire? Est-ce que tu as trouvé beaucoup de difficultés ou au contraire c’était facile ? Les démarches sont assez difficiles surtout qu’elles prennent beaucoup de temps. J’ai eu la chance entre guillemets d’avoir un un coup de main d’un gestore qui gérait aussi nos assurances. justement qui connaissait beaucoup de monde dans les dans les institutions donc il passait par la la porte d’arrière pour. Il passait il passait au milieu des bureaux quand nous on devait attendre devant. Donc ça nous a facilité un peu la démarche. Euh par exemple, j’ai dû j’ai dû emmener ma voiture qui était immatriculé en Suisse, j’ai dû l’emmener au Pays Basque à la douane pour pouvoir faire les démarches douanières pour pouvoir ensuite la matriculer avec les plaques espagnoles. Donc il y avait même pas ici une institution qui qui pourrait faire le le travail, j’ai dû l’amener directement au Pays Basque pour pour le faire. Euh au niveau du reste, j’ai j’ai eu ce petit coup de main qui nous a aidé mais ça ça nous a pris quand même entre 3 et 4 mois à faire toutes les démarches. Les démarches principales pour pouvoir habiter. Ensuite le au niveau des études, on a dû demander une une traduction jurique des documents qui a dû être envoyé ensuite à Santiago. De Santiago, elle a dû être envoyé à Madrid pour quelques mois plus tard revenir en format espagnol simplement traduit avec avec le le tampon de de l’institution. Donc ça ça prend beaucoup de temps. Pablo. Est-ce que tu as une question ? Le football me passionne, non? Alors j’ai regardé la sélection Suisse de football. Et il y a beaucoup de nationalités parce qu’il y a beaucoup de joueurs qui sont africains, d’autres sont même galiciens. Euh quelques joueurs sont de la Suisse ou parle français et l’autre parle allemand ou parle italien. Est-ce qu’il y a une langue commune quand les Suisses euh sont ensemble. Si un Suisse de Genève est avec un Suisse de de Berne, de ou parle de Zurich quelle langue il parle. C’est pour cela qu’on a essayé de nous enseigner depuis la 3e primaire plutôt à moi, je veux dire en mon cas l’allemand. Il y a une grande une grande partie de la de la Suisse qui parle Suisse-allemand qui est très très il y a une très grande ressemblance avec le l’allemand avec un petit accent différence c’est un peu plus chanté le Suisse-allemand. Et après il y a une très petite partie qui qui parle le Suisse-italien. Euh normalement la langue officielle est le Suisse-allemand. pour parler allemand. On le lance à l’école pour pouvoir communiquer avec le reste du pays mais c’est c’est assez difficile l’allemand comparé aux autres langues. Le fait de devoir mettre le verbe à la fin de de selon ce que vous dire ce que l’on veut dire de de changer complètement la phrase. C’est une langue assez assez difficile à apprendre. Mais ils ont tendance à faire beaucoup d’efforts surtout dans les au niveau des institutions à essayer de parler les trois langues. par exemple quand on devait parler avec des institutions bernoises avec la la capitale, elles avaient tendance à à avoir du personnel qui parlait le français directement. La télé publique Suisse On a des chaînes différentes. On a comme on avait comme il y avait ici la TVga TVga 1, TVga 2, on avait nous, on avait à Genève, on avait les chaînes françaises et en plus la télévision Suisse romande la une et la deux avec un bel accent Suisse Vaudois. Très joli, très joli accent. et du reste on avait on on on avait les chaînes françaises surtout, on avait les antennes françaises. Je ne me souviens pas exactement mais je crois que j’ai lu mais je ne me souviens pas où et que le franco provençal c’est un une langue que est parlé encore dans des petits villes en Suisse, c’est c’est c’est ça vrai. Le franco provençal. Euh là je ne sais je ne sais pas du tout. il y avait une langue suisse qui était le le roman, le roman. Nous ça peut-être la même langue, sauf que nous on l’appelait le roman qui est parlé dans une très petite partie de de la Suisse. quelques changements au niveau du français. La il y a personne qui parle en dialecte ou tout le monde parle le français. Alors tout le monde parle le français euh dans la Suisse romande. Ouais. qui est autour du lac du lac Clément. tout le monde parle le français avec un accent. dépendant de la zone, il y a il y a il y a la zone par exemple du du canton de Vaux qui ont un qui ont un très joli accent quand ils parlent le français, c’est très chanté, c’est très un peu comme le Gag, comme le Gacien, c’est très chanté. Ensuite, au niveau du du du Suisse-allemand euh c’est vrai qu’il y a quelques zones qui ont qui ont comme des petits dialectes, qui ont comme des des changements dans dans certains mots. C’est pas vraiment une langue à part mais il y a il y a quelques changements oui. Et l’autre ville est-ce que tu connais à part de Genève, j’imagine que tu connais la Lausanne Montreux bébé Alors Lausanne je la connais surtout pour le soir. J’ai vécu ma jeunesse là-bas, il y avait une grande discothèque, une très grande discothèque très connue. Je ne sais pas si elle existe encore, c’était le Mad de Lausanne donc il y avait une discothèque avec 7 ou 8 salles différentes. Donc Lausanne, je l’ai connu plutôt le soir. Euh le reste, on a souvent eu des journées de à l’école de d’aller visiter d’autres villes. Par exemple, on a visité Interlaken. Berne Euh Vevey Vevey, on a on est allé aussi faire le tour du Lac Clément donc on a visité un peu toutes les villes autour du du Lac Clément, Bulle quelques stations de ski aussi. Au niveau de station de ski on est avec Zermat, je crois que c’était Zermat, une station de ski très assez assez réputée et les grottes. On allait souvent faire des sorties avec l’école. C’est c’est aussi une différence que je vois ici, il y avait beaucoup de beaucoup plus de sorties au niveau de scolaire, au niveau scolaire. Des sorties plus longues. Ouais. Par exemple, on avait souvent des semaines blanches qui était une semaine entière à la montagne pour skier, simplement skier. En France aussi, non ? Oui. Oui. aussi la semaine verte. semaine verte, la semaine blanche. Semaine verte c’était au champ ou en forêt et semaine blanche au au ski. Quelle était la langue que parler tes parents ? Galicien ou espagnol ? Les deux parce que mon père est de donc galicien. Ma mère est de la Corogne. Alors espagnol. Donc à la maison il y avait très souvent les les deux langues en même temps et avec ma sœur en français. Ah ouais. Ça ça faisait un beau mélange. Et avec ta sœur, tu parles encore français ? De temps en temps, oui. Surtout quand on veut que les enfants ne nous comprennent pas. Comme ils sont en train de l’apprendre encore. Ils n’ont pas encore les notions du du français parlé. Ils sont en train d’étudier les premiers mots. Enfin ma ma fille est en train d’étudier les premiers mots en français donc ma fille parle pas encore parce qu’elle a seulement 6 ans. Donc quand on veut qu’il qu’il ne sache pas exactement de quoi on parle. On parle un peu en français.